Depuis quelques années, tout écart de conduite en termes d’intégrité morale, ou de règles éthiques « acceptables » par une société en pleine mutation peut avoir un impact significatif sur la réputation des organisations.

Plus que jamais, les organisations ont besoin d’affirmer leurs valeurs  et de  maîtriser  leurs risques éthiques. L’éthique et la morale sont devenus des sujets de management à part entière, nécessitant des engagements forts (chartes, codes,…) mais pas que cela….

Donner du sens, attirer et mobiliser les talents, créer la préférence des parties prenantes et se différencier de ses concurrents, sont devenus les  nouveaux enjeux des dirigeants. Pour cela, il est attendu des managers qu’ils expriment et  incarnent des valeurs  porteuses de sens et qu’ils les déclinent en  principes éthiques servant de guides à l’action.

L’éthique et la morale

La tradition philosophique ne distingue pas éthique et morale ; éthique vient du grec « ethos » et morale vient du latin  « mores » qui signifient tous les deux « mœurs ». Ces principes, qu’on les appelle valeurs, devoirs ou autres vertus, qu’on les collectionne sous l’appellation d’éthique ou de morale servent à la fois de repères pour la pensée et de guides pour l’action.

 « L’éthique, c’est ce qui gouverne vos actions lorsque personne ne vous regarde » Eliane Houlette (procureur national financier)

Parce qu’elles intègrent le motif, le mobile des activités humaines et trouvent leur fondement dans l’intériorité de l’être, les règles éthiques ont un champ d’action différent de celui des règles juridiques  : un acte pourra être légal mais non conforme à l’éthique.

Comment encourager les comportements éthiques en entreprise ?

Plutôt que lister des règles déontologiques et des codes de conduite auxquels les salariés doivent se soumettre, il est recommandé  d’insuffler une véritable culture éthique au sein de l’entreprise. Mais comment y parvenir ?

Les résultats de différentes études montrent que les  entreprises auraient tout intérêt à organiser des séances de brainstorming ou des débats portant sur les valeurs qui leur sont les plus chères en intégrant une série de questions à poser aux équipes afin de guider ces réflexions.

L’éthique est avant tout une culture du questionnement, un espace de dialogue sur les dilemmes du quotidien.

La vertu s’acquiert

Ces conversations partent du principe que la vertu n’est pas innée, mais qu’elle s’acquiert, indiquent des chercheurs, qui établissent un parallèle avec Platon. Pour le philosophe en effet, la vertu ne s’enseigne pas, elle s’apprend au fil du dialogue.

Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas une action mais une habitude. Aristote

La somme des (bonnes) habitudes créerait donc, in fine, une culture d’entreprise éthique. Cependant, avoir un comportement éthique, penser aux finalités et aux conséquences de ce que l’on fait, réfléchir à plus long terme nécessitent du courage.

Alignement des systèmes formels et informels

Une culture éthique est créée et maintenue grâce à une interaction complexe de systèmes organisationnels formels et informels (qui doivent être alignés afin de lever toute ambiguïté d’interprétation concernant les attentes réelles du management. C’est cet alignement qui créera un message éthique cohérent et soutiendra le comportement éthique.

C’est à cause du manque d’alignement que les cultures se brisent

De nombreuses organisations s’efforcent de guider les comportements par le biais de déclarations de valeur, de déclarations de mission, de Crédos, de politiques et de codes de conduite officiels. Mais il est important que les valeurs et la déclaration de mission soient étroitement alignées sur les autres dimensions de la culture.

Car les mots importent beaucoup moins que la manière dont ils sont concrétisés.

Sabine DRUJON, Président de la socité VALUES & SENSE